TEINTURE VÉGÉTALE : Recette à tester

MON PREMIER ESSAI DE TEINTURE VÉGÉTALE ÉCOLOGIQUE AU CURCUMA

Ça fait bien longtemps que je me penche sur la question des teintures végétales, sans pour autant passer à l’action et tester.

J’ai toujours cette manie de me renseigner à outrance, lire et étudier l’affaire comme si j’allais en faire une thèse!!! Bref j’ai appris beaucoup car c’est un domaine très technique pour qui veut. Des procédés multiples, autant que de plantes, de matières à teindre et d’opérateurs.

Finalement chacun y va de sa recette, des procédures en tous genres, mais faisons simple. J’ai testé une des teintures les plus simples ( dis-t’ont ) ; celle au curcuma pour teindre en jaune.

Cette épice issue de la racine de tumérique a des pigments jaunes très concentrés, du coup pas besoin de préparation particulière des tissus comme le « mordançage ». C’est un procédé qui permet aux pigments de bien « accrocher » dans la matière directement . Le mordançage est un procédé de préparation des matières à teindre fait avec différents produits comme la poudre d’alun et la crème de tartre. Mais laissons ça de côté, pour faire simple.

MATÉRIEL NÉCESSAIRE

– Curcuma en poudre

– Gros sel

– Vinaigre blanc

– Une marmite en inox ( pas d’aluminium qui altère les couleurs par réaction physico-chimique)

– Une cuvette

– Une cuillère en bois ( attention elle va se teinter aussi, ou un bâton le cas échéant )

– Savon de Marseille

PRÉPARATION DU TISSU

Prendre des matières naturelles comme le lin, le coton ou la soie, ces teintures ne sont pas efficaces sur les matières synthétiques.

Peser à sec les pièces à teindre. J’en avais pour environ 250g.

Lavez les tissus avant de les teindre. Surtout s’ils sont neufs, car ils sont en général enduits d’apprêts, ce sont des produits qui leur donnent un aspect un peu brillant, les rend rigides, et les protègent. Ils ont une odeur particulière, ils sont aussi utilisés sur les vêtements neufs. Il faut que la matière soit débarrassée de ces produits pour que la couleur atteigne bien les fibres en profondeur pour être plus intense et durer dans le temps.

J’ai utilisé du linge de maison de récupération qui avait déjà été lavé des dizaines de fois, et qui était propre.

Préparer une marmite avec un demi verre de gros sel et dix verres d’eau.

Immerger les tissus et Mettre à chauffer. J’ai laissé le tout 30 minutes à petit bouillon.

Rinçage à l’eau claire.

J’avais lu que l’utilisation du sel aidait à la prise de la couleur en profondeur dans les fibres ( ? ).

PRÉPARATION DE LA TEINTURE

Faire une décoction de la poudre de curcuma. Je n’avais que 50g, mais il est apparemment d’usage de mettre la moitié du poids du tissu. La dissoudre soigneusement dans un peu d’eau. Rajouter suffisamment d’eau dans une grande marmite pour que le linge ne soit surtout pas tassé, ce qui donnerait des colorations non uniformes. Mettre le tout à chauffer. J’ai laissé « cuire » à feu doux une heure. Et le « bouillon » a pris une belle couleur orangée. Pas besoin de filtrer car la poudre est bien dissoute dans l’eau. Si toutefois vous avez utilisé des racines fraîches de curcuma, il faudra filtrer votre préparation avant d’y plonger les tissus à teindre. Les résidus risqueraient de faire des tâches.

LES ÉTAPES DE LA TEINTURE

Immerger votre linge mouillé. Ne jamais plonger du linge sec dans la préparation de couleur. Le fait qu’il soit mouillé ouvre bien les fibres et la couleur se répartit uniformément.

Mettre à chauffer à feu doux, pour laisser « mijoter ».

Remuer régulièrement avec votre cuillère en bois ( ou le bâton) en plongeant bien les tissus. Ils ont tendance à remonter à la surface. Cela permet également de bien repartir les pigments et la chaleur du bain.

J’ai laissé ainsi cuire une bonne heure.

Trempage une nuit jusqu’à refroidissement complet. Avec le linge bien immergé.

RINÇAGE

J’ai effectué le premier rinçage dans une eau vinaigrée, avec un petit temps de trempage. J’avais lu que cela permettrait une bonne fixation de la teinture pour une meilleure tenue dans le temps.

Rincer ensuite à l’eau, jusqu’à ce que l’eau soit bien claire.

J’ai fait un dernier petit lavage à l’eau savonneuse ( savon de Marseille ) . Attention ne soyez pas surpris si la couleur vire à l’orange au contact du savon, c’est une réaction qui se produit au contact de la soude du savon, et disparaît ensuite.

Mettre le linge à sécher après essorage, à l’abris de la lumière directe du soleil.

Et voilà c’est finit, vos tissus ou vêtements sont d’un très beau jaune lumineux et intense.

J’avais vu qu’il était possible de réutiliser le bain de teinture. J’ai donc testé en réutilisant la même marmite avec deux autres pièces de tissus ( préparées comme indiqué plus haut ). La teinture a bien pris . Le résultat était un jaune différent et moins intense qu’avec le premier bain, mais très joli aussi.

POUR FAIRE DES MOTIFS : LA TECHNIQUE DU SHIBORI

Quitte à faire des essais de teinture, j’ai testé cette méthode japonaise de pliage et nouage des tissus avant teinture. Elle porte également d’autres noms dans d’autres parties du monde. Mais au Japon ils ont développé un véritable art en la matière, avec des pliages et nouages très élaborés, donnant des résultats aux graphismes très recherchés et d’un très beau rendu, qu’on voit souvent avec des teintures à l’indigo. Cette préparation du tissu à sec, permet de rendre des parties du tissu que la teinture ne peut pas atteindre, révélant ainsi les motifs très sympa lorsqu’on retire les liens au moment des rinçages.

Je n’ai testé que deux motifs, les ronds en nouant une petite pointe de tissu, et les bandes en pliant le tissu en accordéon avant de le teindre. On peut utiliser des élastiques ou du fil, enroulés très serrés autour du tissu ne permettant pas à la couleur de passer, les motifs sont ressortis blancs. J’ai été très satisfaite du résultat. Une fois qu’on en comprend le principe la créativité peut s’exprimer. Ce que j’ai fait avec le deuxième bain de teinture, même si les motifs sont ressortis moins marqués avec mon jaune moins intense sur le fond du tissu. Le côté surprise en défaisant les liens est vraiment très prenant, même s’il faut quand même avoir la patience d’attendre le refroidissement…

RETOUR SUR L’EXPÉRIENCE

Personnellement j’ai trouvé ça très sympa, amusant et créatif. Surtout cet effet un peu surprise. Déjà du point de vue de la couleur, très différente de celle du bain de teinture, et surtout la technique du SHIBORI qui m’a vraiment bluffée, je suis conquise.

Raviver des linges tout simples, donner une autre vie à des vêtements, créer ses propres motifs. Ça m’a beaucoup plût. Cette technique peut être très intéressante pour mes propres créations textiles, j’étais très inspirée par l’expérience.

MES RÉSERVES SUR LA TEINTURE

Mes essais de curcuma sur une pièce de tissu bleu ciel sont décevants ( un jaune kaki que je n’aime pas trop ), si je dois renouveler je ne le ferai que sur une base blanche.

Le process est très long, il ne faut pas être pressé ni trop impatient, pour respecter les différentes étapes parfois longues.

Réutiliser un bain deux fois donne un résultat beaucoup moins intense, je ne referais pas, à moins de rechercher une teinte pastel.

Il reste à voir quelle sera la tenue de ces couleurs dans le temps…

La teinture est un domaine très gourmand en eau et en énergie on le sait ! Le pratiquer c’est en prendre vraiment conscience. Laisser chauffer si longtemps utilise beaucoup d’électricité ou gaz selon votre équipement. Ce qui n’est pas top.

Et que dire des litres d’eau utilisées déjà dans les marmites de préparation du tissu ou dans les bains de teinture. Mais également pour les phases de rinçage. J’ai essayé au mieux de garder, réutiliser mon eau en me servant de bassines plutôt que l’eau courante mais tout de même j’ai utilisé au moins 15 litres ( voir 20 ) pour teindre 400g de tissu, ce qui est énorme !

Alors certes faire des teintures végétales et naturelles c’est beaucoup mieux pour l’environnement et notre santé , sans conteste. Mais ce sont des techniques qui utilisent trop d’eau et d’énergie à mon sens.

En conclusion, c’était une très belle expérience. Je renouvellerai peut-être avec d’autres couleurs, ( thé , oignons, avocat ? ) rien que pour refaire des motifs avec les techniques SHIBORI, ça j’ai vraiment adoré !

J’espère que ce partage d’expérience sans prétention vous aura intéressé, si certains sont plus curieux de ces techniques n’hésitez pas à fouiller sur le net, les sites et les blogs dédiés sont nombreux et passionnants. Si certains d’entre vous ont des retours d’essais ou de pratiques personnelles, l’espace commentaires est ouvert et je suis preneuse de vos expériences et conseils. Et sincèrement je ne peux que vous encourager à tester par vous même, si comme moi les bidouilles en tous genres vous interpellent. Mettre de la couleur dans nos vie est une belle expérience.

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